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Réflexions « post-abyssales » sur l’émancipation juive
Les gauches se revendiquant des pensées post/décoloniales sont souvent présentées comme étant aveugles aux luttes et vies juives. Peinant depuis des années à articuler simultanément lutte pour l’autodétermination palestinienne et pour l’émancipation juive, ces tensions éclatèrent au grand jour le 7 octobre. La chercheuse Alexia Levy-Chekroun analyse comment articuler une pensée véritablement décoloniale avec la lutte contre l’antisémitisme et l’émancipation des Juif·ves en France et ailleurs. Si les théories décoloniales ont servi de pretexte à la montée d’un certain antisémitisme, il existe néanmoins des moyens pour les juif·ves de les réinvestir. C’est cela qu’Alexia Lévy-Chekroun accomplit ici, en mettant en lumière la proximité historique, intellectuelle et religieuse entre pensée juive et décoloniale.
Dorshei Tzedek : la Justice n’est pas au Ciel
Pour ce nouveau numéro de Daï, nous offrons à nos lecteurs un aperçu de la réflexion de l’articulation entre gauche et judéité depuis Israël, où les catégories théologiques juives sont largement mobilisées dans la scène publique, et largement instrumentalisés dans l'arène politique. Dans son éditorial de Dorshei Tzedek, Benyamin Singer présente succinctement l’ethos qui anime cette nouvelle publication.
Il sera une fois, un « socialisme juif »
Au cours des dernières décennies, l'idée que le capitalisme — sous sa forme néolibérale — constituait l'horizon indépassable de l'organisation économique et sociale a été remise en question. Dans ce contexte, le socialisme refait surface dans les discussions publiques, y compris au sein des communautés juives.
Le rabbin Vincent Calabrese examine les visions du socialisme développées par deux figures du judaïsme orthodoxe, Simon Federbush et Isaac Breuer. Tous deux ont cherché, à leur manière, à inscrire la critique du capitalisme dans une perspective juive, en s’appuyant sur la Torah et la tradition rabbinique. À travers leurs réflexions, nous verrons comment le socialisme peut être le terreau d’une réponse juive aux injustices économiques, faisant écho à l'injonction divine : la justice tu poursuivras¹.
La gauche et l’antisémitisme : retour sur un impensé avec Misrahi
Ce numéro s’interroge d’abord et avant tout sur le rapport des Juifs à la gauche, mais nous ne pouvons faire l’économie de la réciproque, celui du rapport de la gauche aux Juifs. La question de l’antisémitisme de/à gauche est aujourd’hui devenue un lieu commun, depuis la mainmise de la France insoumise sur ce camp politique. Rivka DLB nous propose d’y réfléchir sur le temps long, en revenant à Marx, et nous offre une lecture critique de la Question juive de Marx de Robert Misrahi. L’antisémitisme qui prospère à gauche tient-il de sa lecture économique du monde et du fait juif ? Quelle préposition utiliser, antisémitisme « de » gauche ou « à » gauche ? Voilà ce à quoi elle se propose de répondre.
Salam Shalom Salut
Salam, Shalom, Salut est un projet créé par SOS Racisme en 2018. De jeunes bénévoles au sein de l’association, d’horizons culturels variés, formés à la lutte antiraciste, à l’histoire des différentes migrations et des mémoires traumatiques, part faire un tour de France à la rencontre d’autres jeunes pour débattre et déconstruire les préjugés racistes qui circulent dans notre société. Le 11 février dernier, Mathilde Roussillat Sicsic recueillait les propos de Dominique Sopo, président de SOS Racisme, entouré de militants de l’association.
« L’antisémitisme est un danger pour les Juifs et pour le mouvement social tout entier »
Jonas Pardo et Samuel Delor sont les co-auteurs du Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme (Editions du commun, 2024). Il s’agit à la fois d’une synthèse historique qui permet de comprendre l’antisémitisme sur le temps long et d’une compilation organisée de propositions à destination du mouvement social. Leurs auteurs nous y apprennent à reconnaître les mécanismes antisémites souvent cryptés pour les combattre efficacement. Nous les avons interrogés pour Daï.
#3 : l'antisémitisme est-il une question pour les féministes ?
Depuis le 7 octobre 2023, cette incertitude hante de nombreuses femmes et minorités de genre juives, engagé·es dans les mouvements féministes.
Plusieurs positionnements se sont affrontés notamment en France à travers des tribunes croisées signées par des organisations et personnalités féministes. La controverse qui s’est engagée a notamment porté sur la minimisation, voire la négation des violences sexuelles subies par les femmes israéliennes lors des massacres du 7 octobre 2023.
Se dire juive après le 7 octobre
Pour ouvrir ce troisième numéro de Daï, nous avons proposé à trois féministes juives d’échanger sur la façon dont résonnent les sujets de féminismes et de judéités dans leur vie, avant et après le 7 octobre. Natacha Chetcuti-Osorovitz, Floriane Chinsky et Alice Timsit ont accepté de répondre à nos questions.
Retour sur les négations des violences sexuelles du 7 octobre
« Nous demandons à voir les preuves » s'exclame Judith Butler qu'on avait connue plus soucieuse du respect des témoignages des victimes de violences sexuelles. Élie Beressi et Noémie Issan Benchimol reviennent sur les faits — les violences sexuelles commises le 7 octobre —, et analysent les mécanismes qui aboutissent à leur négation, quand l’existence ou la non d’un fait est déduite à partir de seuls discours.
« Sororité ? »
Léa Taieb prépare un nouveau podcast pour Tenoua, intitulé « Sororité ? » sur des sujets qui résonnent avec ce numéro de Daï. Nous avons convenu d’un entretien pour échanger avec elle et Julia Lasry qui travaille également pour Tenoua et l’accompagne sur le projet en tant que conseillère éditoriale.
Dieu.e : explorations des apports théoriques du féminisme à la théologie juive.
La talmudiste Sophie Goldblum propose un aperçu des principaux enjeux liés à la question des femmes dans le judaïsme et des apports du féminisme, aux États-Unis, en Israël, et plus récemment en France, pour résorber les injustices à l’encontre des femmes dans la vie juive.
La paix viendra des femmes ?
Le 23 septembre dernier, les Guerrières de la Paix rassemblaient un millier de personnes pour écouter des Israélien·nes et des Palestinien·nes porter un espoir de paix. L’autrice Lisa Hazan y assistait. Elle fait le récit de cette soirée, interroge une militante des Guerrières, Fadela Vaillant, et propose une réflexion stimulante sur la place des femmes dans le camp de la paix.
Israël, impossible État normal
Denis Charbit, politiste, spécialiste francophone de l’histoire du sionisme, a publié le 18 septembre Israël, l’impossible État normal, dans collection Diaspora chez Calmann-Lévy. Daï l’a interrogé pour comprendre les raisons de cette publication. Son titre, en effet, interroge. Le Yishouv puis Israël se sont posés maints fois la question de leur normalité, et c’est peut-être ce questionnement permanent qui rend impossible l’achèvement d’Israël en État « normal ».
Ceci n’est pas un livre sur l’antisémitisme
La Fabrique nous promet un guide pour lutter contre l’antisémitisme, au singulier, et ses instrumentalisations, au pluriel, celles-ci étant plus nombreuses, et on le verra, plus graves, que celui-là. Alexandre Journo a lu pour Daï ce très médiatique pamphlet. Dans une analyse au vitriol, il offre une lecture critique de ce coup éditorial de la Fabrique, qui prétexte un livre sur l’antisémitisme pour dresser un n-ième procès du sionisme de gauche.
Let’s dibbouk
Le mahJ présente une exposition sur le dibbouk, âme errante qui prend possession d’un vivant, selon une croyance du yiddishland. Pour la rubrique culturelle de Daï qu’elle inaugure, Mathilde Roussillat-Sicsic fait le compte-rendu d’une exposition qui résonne avec le sort des femmes et ses représentations.
Lokmas au sirop de potimarron et mélasse de grenade
Les fêtes de Hanouka approchent et avec elles arrive la préparation des beignets frits. Qui dit friture, dit labeur et charge mentale culinaire pour les femmes, bien souvent les seules à cuisiner lors des fêtes. Arrêter de se réunir en famille autour d’une table ne semble pas être un changement très désirable. Alors, peut-on alléger cette charge mentale en préparant des lokmas plutôt que des soufganiot ? Lola Zerbib-Kahanne nous livre ici la recette de ces beignets turcs.
#2 : The elephant in the room
Israël est un sujet paradoxal chez Golem. Les membres de Golem entrent en rapport avec Israël de manières si diverses que le consensus est souvent difficile, puisque c’est la question de l’antisémisitisme ici et maintenant qui a présidé à la création de ce collectif. Y coexistent des rapports affectifs, de déférence comme des rapports de méfiance. Par ailleurs, beaucoup affectent une neutralité ou une distance vis-à-vis d’Israël, une velléité de ne pas avoir de rapport avec Israël, de ne pas être enjoint de prendre position — les injonctions sont toujours désagréables.
Penser le banal
Peut-on n’être ni sioniste, ni antisioniste ? Oui répond Jérémie Wainstain. Selon lui, les Juifs de diaspora ont désormais besoin de penser le banal, c’est-à-dire de normaliser leurs relations vis-à-vis de l’État d’Israël et de déconstruire les mythes qui les entravent.
Peut-on séparer les Juif·ves des sionistes ?
Alors que le vocable sioniste est devenu un « litmus test » voire une insulte, Choham Sudre estime que penser rompre le lien avec Sion, et son émanation contemporaine, l’État d’Israël, est un non-sens pour le judaïsme. Pour ce faire, elle propose un long retour historique sur l’ancrage du judaïsme en terre d’Israël, ainsi que l’aspiration à Sion en diaspora, et donne un sens au sionisme aujourd’hui, après 1948, et en diaspora.
Tel un gangster la nuit des longs couteaux, je rêve
Document. Dans un texte très touchant l’écrivain israëlien Amos Oz explore les liens qu’il se sent avoir avec le reste du corps juif. Il ne peut se défaire de ce peuple comme on ne peut se défaire d’une partie de soi, de sa famille ou de son histoire. L’amour cohabite avec la haine dans sa maladie juive.