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Daï Daï

#6 Séfarad

Le mot désigne d’abord, dans la Bible, une ville d’Anatolie ou est déportée une partie de l’élite de Jérusalem (Abdias, 1:20). C'est en référence à la haute lignée de ceux qui vivaient à Séfarad, que les Juifves de la péninsule ibérique désignèrent ainsi la terre où ils se trouvaient. Cette étoffe de noblesse, les Sépharades ne s’en départiront pas.  Lorsque les megorashim (exilés) toisaient les mustarabim (locaux) en terres arabe, bien qu’immigrés, chassés de leurs terres d’origine, les Espagnols ne doutaient pas de leur superbe. Quatre siècles plus tard, le roi des schnorrers Manasseh da Costa prenait de haut ses homologues ashkénazes de Londres. Lui l’espagnol ne mendie pas dans la même catégorie ! 

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Moché l’archiviste

Moché est l’archiviste inlassable de la communauté juive de Tunis, de ceux qui y vivent comme de ceux qui cherchent à retrouver les traces de leurs aïeux. À travers l’histoire d’un homme, devenu gardien de la mémoire en endossant la fonction de secrétaire du Grand Rabbin de Tunisie, Julie Rebecca Poulain a choisi de s’interroger sur la fonction de l’archive en convoquant la philosophie de Walter Benjamin et de Jacques Derrida.

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Marranes : l'éternel retour

La figure du marrane oscille entre repoussoir et héros, incarnant à la fois une identité juive dissimulée, entachée de honte, et symbole ultime de la résilience juive à travers les siècles. Sophie Goldblum en retrace ici l’histoire, depuis les conversions forcées de Castille jusqu’au vigile d’un séminaire alsacien. A travers ces récits qui incarnent à eux seuls toutes les tensions de l'identité juive, l’autrice interroge ce que notre rapport aux marranes dit de notre judéité.

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L’intégration, question juive et question universelle

Le philosophe politique Bruno Karsenti a publié en octobre Les paradoxes de l’intégration, un essai où il théorise – à travers le cas juif – l’Émancipation en Europe et ce que signifie l’intégration. Il le fait dans le temps long, de l’expulsion des Juifs d’Espagne à l’avènement d’Israël, en passant par Hermann Cohen ou Joseph Salvador. Daï l’a interrogé pour mettre au jour ce lien constitutif entre l’émancipation et l’idée européenne, chère à nos confrères de la revue K, penser l’intégration comme un processus qui change et l’intégré et l’intégrateur, et comprendre pourquoi selon lui elle « grippe » aujourd’hui. 

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Des Arabes comme les autres ?

Comment se désigner quand on est un Juif issu d’Afrique du Nord ? Et que signifie le mot « Arabe », comme deuxième substantif, comme adjectif, chez ceux qui le revendiquent ? C’est la question à laquelle Yaël DZ a cherché à répondre l’an dernier dans le cadre d’une formation à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et dont elle livre ici ses principales conclusions. Elle dresse ici un portrait collectif de ces « Juifs-Arabes », qu’elle comprend bien qu’elle ne se désigne pas elle-même ainsi, et fait preuve d’une réflexivité rare.

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Séphara𝑏e

Isabelle Urbah est à moitié sépharade, et à vrai dire à moitié arabe. Ce duet sépharade-arabe semblait aller de soi dans son enfance, mais elle se rend que ça n’est pas toujours le cas autour d’elle. Alors elle s’interroge. Y’a-t-il une identité juive-arabe ? Que signifient la revendication ou le refus de ce terme arabe ? Quelle charge porte ce mot « arabe » ? Au travers d’entretiens avec des Juifs d’Afrique du Nord ou d’Irak, de première ou de deuxième génération, elle trace ce que pourrait être une arabité juive, en sachant cependant quel lit de Procuste l’arabité peut être pour les Juifs.

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On reste sur notre fin

La vie juive en France touche-t-elle à sa fin ? Voilà la question vertigineuse que semblent nous poser Dov Maïmon et Didier Long dans leur essai La fin des Juifs de France ?, un titre où le point d'interrogation n’est présent que par politesse. Et en effet, depuis le 7 octobre, le souffle d’un antisémitisme décomplexé et la solitude croissante des Juifs de France ont installé partout un sentiment d’urgence. Mais en noircissant à l’excès le tableau, cet ouvrage oblige le lecteur à un inconfort singulier : relativiser une réalité pourtant grave, tant le diagnostic proposé manque de rigueur. Une recension d’Alexandre Journo.

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Les derniers Juifs d’Égypte

L’Égypte comptait près de 100 000 Juifs à la veille de 1948, date du début de leur exil brutal. Tous en ont été chassés, y compris les plus antisionistes d’entre eux. Tous ? Non ! Car une poignée d’irréductibles Juifs égyptiens résiste encore et toujours au départ. Une poignée, le mot est à prendre au pied de la lettre. On ne sait pas exactement combien ils sont, une, trois, sept, une dizaine. Damien Fabre en a interrogé deux d’entre eux pour raconter l’exil de cette communauté et le maintien de quelques-uns, plus souvent quelques-unes entre inconfort et accommodements. 

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La moussaka de Mangeclous

Albert Cohen est probablement le plus grand écrivain sépharade de langue française, il est aussi un des archivistes de la cuisine juive sépharade. Pour son retour dans les colonnes de Daï, Lola Zerbib-Kahanne a choisi de mettre à l’honneur la cuisine de Mangeclous, sa boutargue, ses calamars frits – qu’à dieu ne plaise –, ses œufs durs, son cou d’oie farci, ses oignons frits et « saucisses de bœuf garanties de stricte observance et véritables chéries », des mets plus gourmands que les Homard Thermidor, Ris de veau princesse et Bécassines sur canapé d’Adrien Deume. 

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Qu’est-ce que le judéo-arabe ?

Le judéo-arabe charrie quelques fantasmes. Langue introuvable, puisqu’elle en fait un ensemble de dialectes, dont le tiret place dans un entre-deux difficilement saisissable. Daï a sollicité Jonas Sibony, docteur en linguistique sémitique et spécialiste du judéo-arabe, professeur d’hébreu et d’arabe, pour introduire avec pédagogie aux parlers judéo-arabes, c’est-à-dire aux langues arabes des Juifs. Cela suppose quelque détour par la langue arabe, sa place dans la famille sémitique et l’histoire des langues utilisées par les Juifs depuis l’Antiquité.

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L'héritage architectural juif marocain

En 1929, la famille Ettedgui bâtissait dans le cœur de la médina de Casablanca la « Synagogue des Tétouanais ». À presque un siècle d’intervalle, Tom Martin-Volcovici, jeune architecte D.E. issu de cette famille est revenu sur ce symbole du « caractère juif » du Maroc, restauré par la famille royale marocaine pour cette raison précise. Il en a fait son mémoire de master, où il met au jour l’héritage architectural juif casaoui et analyse sa patrimonialisation à la faveur des accords d’Abraham et de la revalorisation du passé juif du Maroc. Pour Daï, il revient sur ce mémoire en quelques questions-réponses sur cet héritage architectural, sa patrimonialisation, ses chevilles ouvrières et la mémoire qu’elle charrie.

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En quel nom ?

En juillet 2025, de nombreuses voix juives, sionistes ou non, se sont élevées pour dénoncer la famine infligée à Gaza par Israël. Si toutes ne disaient pas en toutes lettres « not in our name », c’était là le fond de leurs interventions, c’était ce « nom » qui les scandaient, c’était au nom du judaïsme qu’elles ne pouvaient plus rester silencieuses. Or, beaucoup de ceux qui intervenaient là réfutaient explicitement le slogan not in our name. En France, un collectif regroupant des voix diverses de la diaspora israélienne à Paris et de la gauche juive sioniste ou non, se formait cette fois sous la bannière Pas en notre nom. Nous avons invité Fabienne Messica, qui fait partie de ce collectif, et Jonas Pardo, qui a exprimé des réserves sur ce slogan ces deux dernières années, à débattre ensemble de sa pertinence.

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Déambulation

Une grand-mère, une langue perdue et des gestes qui collent au corps. Et au milieu court une enquête : retrouver un « chez soi » quand aucun lieu ne nous réclame. Voguant entre les fractures intimes laissées par l’exil, l’assimilation et le silence, Haïm nous livre sa tentative de rassembler les éclats d’une judéité nord-africaine et d’habiter pleinement ce qui reste.

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La raison pour religion

Dans un monde qui semble opposer raison et foi, le rav Eiran Davies propose une troisième voie. À travers l'analyse minutieuse de la liturgie de Kippour et du célèbre Unetane Tokef, il démontre que la prière juive – et en particulier la liturgie sépharade – loin d'être un appel mystique au surnaturel, constitue une démarche profondément rationnelle. Une réflexion audacieuse sur la nécessité de réconcilier religion et rationalité pour affronter les défis du XXIe siècle.

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Bealma, un air de révolution séfarade

Dans le paysage juif français, où les espaces égalitaires sont majoritairement rattachés à des rites ashkénazes, Bealma détonne. Fondée par Avital Cohen, chercheuse passionnée de liturgie, cette communauté émergente propose un espace de prière séfarade, égalitaire et participatif. Dans cet entretien, elle revient sur son parcours personnel et spirituel, la genèse du projet, les défis rencontrés et les rêves portés par cette initiative à la fois fidèle à la tradition et profondément novatrice.

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#5 : Explorer les marges

L’idée de ce numéro était simple en apparence : définir ce qui constitue les centres de la judéité, interroger les forces centripètes qui poussent les idées et les individus aux marges du groupe, dans les confins de l'impensé. Pourtant, à l’heure du bouclage, force est de constater que la plupart des articles que nous publions ici traitent des marges : celles des identités, des appartenances, des géographies, des récits. 

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Portrait d’un juif des champs

Il est des judaïsmes de pierre, arrimés aux synagogues et aux ruelles pavées du Pletzl ou de Brooklyn. Et puis, il en est d’autres, plus volatiles— des judaïsmes des branchages, comme ces cabanes qu’on dresse à Souccot : exposées au vent mais étonnamment tenaces. C’est de ce bois-là qu’est fait Jonathan Hirszberg qui se livre ici dans un portrait rare et poignant, où il raconte sans folklore ni nostalgie la solitude tranquille, les secrets d’enfance, la liberté farouche et l’inconfort d’être un juif là où il n’y en a pas. 

Les juifs sont partout, même dans la brousse. 

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Juif par le père

Dans un monde juif encore largement structuré par la norme halakhique de la matrilinéarité, les personnes issues d’un père juif se trouvent souvent en tension entre leur vécu, leur éducation et une reconnaissance institutionnelle partielle ou absente. Dans cet article, Eve Tolédano et Helena Muzi Cohen croisent leurs témoignages personnels avec les entretiens qu’elles ont menés auprès de plusieurs rabbins issus de courants variés du judaïsme français. Ensemble, elles interrogent la place des juifs dits « patrilinéaires », la légitimité ressentie, les parcours de confirmation ou de conversion, et les conditions d’un judaïsme plus inclusif.

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Poésies des marges

Les numéros de Daï explorent souvent un genre unique, l’essai, parfois il tient de l’autofiction ou de l’autoanalyse, mais le genre est bien circonscrit. Pour préparer ce numéro dans lequel nous prétendons explorer les marges, nous nous sommes dit qu’il fallait explorer un genre littéraire qui confine désormais aux marges, la poésie. Nous avons ainsi lancé un appel à contributions pour interroger ces lignes mouvantes entre norme et déviance, inclusion et exclusion, tradition et dissidence. Parmi les nombreuses propositions reçues, nous avons sélectionné celles de trois auteurs et autrices, Oriane Taïeb, Haïm et Raphaël Setty.

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Habiter les espaces intermédiaires

Ni centres, ni marges, mais espaces interstitiels. Voilà où a résidé et réside, parfois successivement, parfois simultanément, Johanna Colette Lemler, la productrice du podcast Notre Haggadah. Pour Daï, elle trace un sillon entre Pont-à-Mousson et Paris, dans tout ce que le judaïsme français a à offrir de diversité, dans ses centres et à leurs marges. C’est là qu’elle a progressivement tracé, avec d’autres, cette voie singulière juive féministe, dans un continuum de pensées incidentes et de poésie.   

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